Épisode 17 - "Nemesis" (Titre anglais)
(Titre français inconnu)

Transcript: Mathieu Bois



(Note du Transcripteur : Avertissement pour les puristes de la langue française... Dans cette transcription, j'ai essayé de rendre exactement la prononciation des mots. Ainsi j'ai, par exemple, remplacé certaines voyelles par des "'" quand celles-ci n'étaient pas prononcées. Je rends donc une transcription de ce qui se dit communément à l'oral, mais qui n'est pas du tout correct à l'écrit. Ce que je n'ai pas pu comprendre ou discerner, je l'ai encadré par des "#".)

GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

INT. JOUR. CHAMBRE DE KEVIN
(Le réveil sonne - il est 7 heures. Kevin, couché dans son lit, appuie dessus pour l'éteindre. La chanson "My Girl" accompagne la scène.)

[NdT: Ce début de scène se déroule de jour, successivement dans différents endroits qui vont de la chambre de Kevin aux couloirs de l'école...]

Il y a des jours où lorsqu'on a douze ans, on n'a vraiment pas envie d'se l'ver pour aller à l'école. Et puis on réfléchit et on se dit qu'on va pas se priver du plaisir de la voir - elle.

(Kevin et Winnie se rencontrent tout au long de cette journée ensoleillée et se sourient.)

Votre journée sera alors ponctuée par des instants magiques...des instants où vous croyez que tout peut être possible. Ce genre d'instant qui vous donne confiance dans l'avenir...

(Kevin et Winnie se sourient, Paul interpelle Kevin en agitant la main devant lui.)

PAUL: Kevin!

INT. JOUR. SALLE DE CLASSE
(Kevin est dans la classe, il regarde Winnie.)

Qui vous font un coeur léger, ce genre d'instant qui vous donne l'impression que rien au monde n'a d'importance sauf elle, et vous vous sentez alors très très...

(Becky, voisine de Winnie, se penche en avant sur sa table et regarde froidement Kevin.)

Très mal à l'aise.

(La chanson "My Girl" s'arrête avec un son de disque rayé.)

MLLE. WHITE: Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme bafouée. Quelqu'un peut-il me dire ce que l'auteur sous-entend?

Je ne savais pas pourquoi, mais depuis que j'avais rompu avec Becky Slater, j'étais très embarrassé lorsque j'la voyais en compagnie de Winnie.

(À plusieurs reprises, Becky parle avec Winnie, et cette dernière se retourne vers Kevin et elles le regardent bizarrement.)

MLLE. WHITE: Nous avons, dans toute la littérature, des exemples de femmes dont la vengeance a été terrible, poussées par une jalousie maladive, proche de la folie. Dans la mythologie grecque, il y a l'exemple d'Aphrodite qui, à cause sa jalousie excessive à l'égard d'Hélène de Troyes, déclencha une guerre qui se concrétisa par d'incessants combats, qui conduisirent des milliers de soldats vers la mort.

(Kevin regarde Becky.)

Je commençais à me dire que peut-être une fille pouvait se venger terriblement du garçon qui l'avait laissé tomber. Avec Becky Slater il fallait s'attendre à tout.

MLLE. WHITE: Mais est-ce un portrait exact des femmes ou bien ce portrait ne serait-il pas en fait le reflet des propres craintes et inquiétudes des hommes?

(Winnie lève la main pour prendre la parole.)

WINNIE: Je ne crois pas que toutes les femmes soient comme Aphrodite. Lorsqu'une femme est blessée dans son amour propre, je crois qu'elle se sent très malheureuse, c'est tout.

Mon Dieu ce qu'elle était formidable. Et elle avait raison. C'était trop injuste envers Becky. Après tout j'avais certainement dû lui faire beaucoup de mal. Et le pire dans tout ça c'est que j'l'aimais toujours. Je ne pouvais pas l'oublier. Nous avions connu de tels moments ensemble.

INT. JOUR. SALON DES ARNOLD OU DES SLATER
(Kevin se souvient de l'un de ces moments de passés avec Becky. Becky est sur un canapé et rit en regardant Kevin.)

BECKY: Ha ha ha ha ha, ha ha ha ha ha.

(Celui-ci se lève et recule un peu.)

KEVIN: Alors on était tous au grand complet à cette boum. Et Paul dansait la danse du petit baigneur #tout collé / tu le connais# avec Carla seulement il était tellement maladroit qu'il dansait comme un crapaud. T'aurais dû voir ça.

(Kevin imite les gestes que faisait Paul en faisant.)

KEVIN: Oua ouah. Et t'aurais dû voir Carla! Elle le regardait avec des yeux de merlan frit. On aurait dit qu'elle avait des fourmis dans les jambes, mais sans trop savoir quel pied la démangeait.)

(Kevin agite successivement ses deux jambes.)

KEVIN: P'tet celui-ci, p'tet ben celui là. Ah non, elle gigotait comme un pain de gélatine.

(Kevin gigote en faisant.)

KEVIN: Blelele blelele. Je vais t'faire McCray, il est plus marrant, tu vas voir. "Hello, je suis Kirk McCray, c'est moi le tombeur de ces dames...Attention les yeux! Je danse si admirablement bien que les filles tombent comme des mouches et se déhanchent."

(Kevin déploie son bras vers le sol, l'index tendu.)

KEVIN: "Op! Oh, en voici une qui vient de tomber. Désolé ma poupée!"

BECKY: Ha hahahaha Oh Kevin! Hahahaha.

KEVIN: Ah! J'allais oublier Winnie. Elle était là aussi. Tu sais, elle se donne toujours des airs de chochotte. Attends, attends - je vais t'l'imiter.

(Kevin se raidit et prend une voix aiguë.)

KEVIN: "Bonjour Kevin, bonjour Paul!"

(Kevin reprend sa voix normale.)

KEVIN: Alors t'avais envie de lui dire: "Eh, pourquoi tu prends cet air guindé, t'as avalé un manche à balai?"

BECKY: Ha hahahaha. Ah Kevin! Hahahaha.

KEVIN: Et quand elle dansait, on aurait dit qu'elle s'entraînait pour les internationaux d'équitation - ses pas ressemblait à des sauts d'obstacle!

(Kevin imite la façon de danser de Winnie.)

BECKY: Kevin t'es méchant! Hahahaha.

(Fin du souvenir - retour au présent, dans la classe.)

INT. JOUR. SALLE DE CLASSE
Oui c'est vrai, c'était pas très sympa de ma part, c'était aussi le genre de plaisanterie, qui ressorties de leur contexte pouvaient paraître très vexantes, voire blessantes.

(Kevin regarde vers Winnie en faisant une sorte de grimace exprimant son regret.)

MLLE. WHITE: Pourquoi d'après vous le thème de la femme trompée qui cherche à se venger est-il un thème si courant dans la littérature?

(Becky lève le bras et prend la parole.)

BECKY: Je pense que la vengeance est un sentiment tout à fait naturel.

(Becky se détourne pour regarder Kevin et continue.)

BECKY: Quand quelqu'un vous fait quelque chose de mal, eh bien la nature humaine veut que vous lui rendiez la monnaie de sa pièce, et même pire encore.

(Becky regarde à nouveau la maîtresse pour conclure le plus assurément du monde.)

BECKY: Il n'y a rien de plus normal.

EXT. JOUR. CHEMIN DE RETOUR DE L'ÉCOLE
(Sur le chemin du retour de l'école, Kevin et Winnie marchent côte à côte. Winnie porte un gros tas de livres sous son bras. Kevin n'a qu'un classeur et un livre.)

KEVIN: Dis donc Winnie...

WINNIE: Oui?

KEVIN: Est-ce que ça va?

WINNIE: Oui!

KEVIN: Euh, c'est...c'est un oui à peu près ou c'est un vrai oui?

WINNIE: C'est un oui normal, c'est tout.

KEVIN: Ah. bon.

Ce n'était pas bien [NdT : Je ne vois pas ce que cela veut dire...] du tout, Winnie me faisait visiblement la tête, j'étais certain que Becky lui avait dit quelque chose.

(Kevin stoppe Winnie du bras.)

KEVIN: Winnie, est-ce que Becky t'as dit quelque chose sur moi?

WINNIE: Qu'est-ce qu'elle m'aurait dit?

KEVIN: Euh...rien du tout, j'sais pas. Elle t'a dit quelque chose?

WINNIE: Non.

KEVIN: T'en es sûre?

WINNIE: Oui!

KEVIN: Alors pourquoi tu m'fais la tête?

WINNIE: Tiens-moi ça!

(Winnie balance ses livres dans les bras de Kevin, s'enfuit en courant et rentre chez elle en claquant la porte.)

INT. JOUR. CHAMBRE DE WINNIE
(Kevin rentre dans la chambre de Winnie, les bras chargés de tous les livres.)

KEVIN: Winnie? Winnie?

(Winnie sort des toilettes en se tenant le ventre. Elle a mis un pantalon de jogging gris à la place de sa jupe bleu foncé.)

WINNIE: Je crois que je suis malade.

(Kevin, tout réjoui.)

KEVIN: Oh t'es souffrante!

(Winnie s'assoit sur son lit en se tenant toujours le ventre.)

Quel soulagement, elle était malade, Becky ne lui avait rien dit!

KEVIN: Oh c'est vraiment moche!

WINNIE: Tu ne devrais peut-être pas rester.

KEVIN: Tu veux quelque chose?

(Winnie répond faiblement. [NdT : tellement faiblement que je ne suis pas certain qu'elle disait quelque chose à ce moment là !]

WINNIE: Non.

KEVIN: Tu veux manger, t'as faim?

WINNIE: Non. Non, j'te remercie.

KEVIN: Oh, mais ta mère n'est pas là. Qui est-ce qui va s'occuper de toi?

(Kevin se met sur le lit.)

WINNIE: Ne remue pas le lit!

KEVIN: Oh, pardon.

(Kevin pose sa main sur le front de Winnie. Des sons de guitare accompagnent la scène.)

KEVIN: T'as un peu de fièvre on dirait. Ben, j'vais rester avec toi jusqu'au retour de ta mère! Allez! Allez, tu te mets sous les couvertures, là!

(Kevin défait les couvertures pour que Winnie aille se reposer.)

WINNIE: Mais tu risques d'attraper ma grippe!

KEVIN: T'inquiète pas, j'attrape jamais la grippe!

(Winnie se couche dans son lit.)

KEVIN: Voilà! T'as besoin de quelque chose? Tu veux que je t'allume la radio, par exemple?

WINNIE: S'il te plaît.

(Les guitares cessent. À la radio, on entend la chanson "My Girl".)

WINNIE: Kevin?

KEVIN: Oui?

WINNIE: Tu sais j'ai un...j'ai un édredon que ma grand-mère m'a cousu quand j'étais petite.

KEVIN: T'as un doudou?

WINNIE: Oh non c'est pas un doudou - c'est un édredon. Il est très chaud et puis j'le prends toujours quand j'suis malade.

KEVIN: Oh ouaih, bien sûr, j'comprends. Ça n'se discute pas. Et où il est ton édredon?

WINNIE: Dans le placard.

(Kevin ouvre le placard.)

WINNIE: Sur l'étagère du haut!

(Kevin prend l'édredon, le sort, le déplie et le met sur Winnie.)

KEVIN: C'est mieux?

WINNIE: Merci.

J'étais assis là près de Winnie et je sentis un frisson me parcourir le dos...Quelque chose était sur le point de se produire, quelque chose de grandiose.

(Winnie se relève dans son lit en regardant fixement Kevin dans les yeux.)

WINNIE: Kevin...

Mon Dieu, ce regard qu'elle me jetait, mon sang ne fit qu'un tour.

KEVIN: Oui?

WINNIE: Kevin...

KEVIN: Winnie?

WINNIE: J'ai envie...j'ai envie de...

KEVIN: Oui?

WINNIE: J'ai envie d'aller aux toilettes!

(Winnie se lève et cours s'enfermer dans les toilettes.)

Oui! Les choses s'annonçaient très bien!

(Kevin sourit.)

INT. JOUR. SALLE DE CLASSE
(On voit maintenant Kevin dans sa classe, à côté du bureau de sa maîtresse qui lui donne le travail à faire pour Winnie.)

INT. JOUR. CHAMBRE DE WINNIE
C'était vraiment un coup de chance incroyable. Winnie en avait pour au moins une semaine au lit et j'étais chargé de lui apporter ses devoirs. Je prenais soin d'elle...

(Kevin apporte à Winnie à manger sur un plateau.)

Je la divertissais...

(Kevin distrait Winnie avec des poupées en caoutchouc qu'il a enfilées au bout de ses doigts.)

Nous étions proches l'un de l'autre comme nous l'avions jamais été...

(Kevin veille Winnie dans son sommeil.)

Et j'étais heureux comme je ne l'avai jamais été.

INT. JOUR. SALLE DE CLASSE
(Kevin est debout à côté du bureau de Mlle. White. Il répète ce qu'elle lui a dit.)

KEVIN: Chapitres 5 et 6, et répondre aux questions de texte à la fin de chaque chapitre.

MLLE. WHITE: Comment va Winnie?

(Kevin répond sur un ton très enjoué.)

KEVIN: Eh ben elle a toujours la nausée et elle a mal partout et elle a 38,5 de température!

(Mlle. White, un peu surprise du ton de Kevin.)

MLLE. WHITE: Oh!

INT. JOUR. COULOIR DE L'ÉCOLE
(Kevin est maintenant dans le couloir.)

Tout marchait comme sur des roulettes!

KEVIN: Salut Kirk!

(...dit Kevin en le désignant du doigt.)

KIRK: Salut.

KEVIN: Salut Carla!

(...dit Kevin en le désignant du doigt.)

CARLA: Salut.

(Kevin voit Becky en train de discuter dans le couloir.)

Becky, il fallait que je fasse la paix avec elle. Je voulais que la terre entière partage ma joie.

KEVIN: Salut Becky! J'tenais absolument à te dire, je suis désolé que les choses se soient déroulées de cette façon, mais j'suis content qu'on soit finalement copains tous les deux. C'est pas de la blague! Et...et j'voulais t'dire aussi que j'te trouvais géniale, vraiment géniale.

BECKY: Merci!

KEVIN: Ah, au fait, j'oubliais d'te dire que Winnie m'a demandé d'te dire bonjour de sa part. Elle est toujours malade tu sais!

BECKY: Oh oui, je sais. Elle n'a vraiment pas de chance. J'ai même l'intention de passer chez elle ce soir, pour voir comment elle va.

KEVIN: C'est sympa. C'est vraiment très sympa. Peut être qu'on s'verra chez elle?

BECKY: Oui, peut-être.

(Becky s'en va.)

KEVIN: À tout à l'heure!

BECKY: À tout à l'heure!

C'était une chouette fille. Je l'avais mal jugée, elle n'avait absolument rien contre moi. C'était une idée que je me faisais. C'était une véritable amie; j'avais tellement de super amis!

(Paul, Carla et Kirk se sont regroupés en face de Kevin.)

PAUL: Qui c'est le crapaud? Alors comme ça je danse comme un crapaud?

Aïe, aïe, aïe!

PAUL: Pour quelle raison tu te permets de me traiter de crapaud, hein?

KEVIN: Mais non, pas du tout je t'ai jamais traité de crapaud. Bon d'accord, c'est vrai, je t'ai traité de crapaud et alors? Mais c'était dans...

PAUL: Bravo Kevin. Sympa de tirer dans le dos des copains!

KEVIN: Carla, dis-lui toi qu'il y a des fois où on dit des choses ridicules pour se rendre intéressant!

CARLA: Comme par exemple dire que je gigote comme un pain de gélatine!

KEVIN: Ça aussi c'était pour rire. Kirk, dis-leur toi!

KIRK: D'après ce que tu racontes, je s'rais un crâneur?

KEVIN: Non, c'est pas ce que...

CARLA: On va rater notre car, et puis c'est pas la peine de perdre notre temps pour un type pareil!

KIRK: T'as raison!

PAUL: Ouaih!

KEVIN: Mais le prenez pas comme ça! J'vais tout vous expliquer!

Finalement je ne m'étais pas trompé sur Becky Slater. Peut-être qu'elle me détestait, peut-être que l'amour que je portais à Winnie me rendait...Oh non! Winnie!

(Kevin part en courant.)

Becky se rendrait certainement chez elle, et comme dit le poète, il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme bafouée.

(Kevin heurte Bobby.)

KEVIN: Oh excuse-moi, Bobby!

BOBBY: Il paraît que je marche comme un canard?

KEVIN: Euh non...enfin je veux dire, euh...On en rediscutera une autre fois!

Oh, c'est pas vrai, mais qu'est-ce qu'ils étaient susceptibles!

(Bobby s'éloigne, la caméra montre sa démarche de canard. Kevin arrive à l'intersection de deux couloirs et aperçoit Donna Holton devant son casier.)

Oh! Donna Holton, est-ce que j'avais dit quelque chose sur elle? Non, non, ça, ça m'étonnerait!

DONNA: Je chante comme une casserole?

(..dit Donna avec une voix éraillée.)

Effectivement, j'ai dit ça!

KEVIN: Bien sûr que non! Il faut pas croire tout ce qu'on dit Donna! Euh, excuse-moi - je suis pressé!

DONNA: Eeehh!

Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais critiqué tant de gens.

(Kevin rentre dans un gros mastodonte.)

KEVIN: Oohhh.

LE MASTODONTE: Mon casier chlingue comme un parc à bestiaux?

KEVIN: Excuse-moi, je vais rater mon car. Salut!

Ils s'étaient tous donnés la main ce jour-là! Et c'était le dernier j'espère!

EXT. JOUR. ARRÊT DES BUS DEVANT L'ÉCOLE
(Kevin court après le bus qui vient de partir.)

KEVIN: Eehh!

(Le conducteur stoppe le bus, ouvre la porte et dit à Kevin.)

LE CONDUCTEUR: Alors j'ai eu mon permis dans un paquet de lessive, hein?

Vous dites ce que vous pensez aux gens et les voilà qui montent tout de suite sur leurs grands chevaux. Mais c'était une catastrophe. Becky...Becky, Becky allait tout raconter à Winnie!

(Kevin part en courant derrière le bus.)

KEVIN: Attendez, he...he, partez pas sans moi, j'recommencerai plus, attendez! Mais laissez-moi monter! Attendez! Partez pas!

EXT. JOUR. RUE DEVANT CHEZ WINNIE
Ouf! Ah ça y est! J'étais presque arrivé chez elle. Avec un peu de chance, Becky ne serait pas...Mais qu'est-ce que j'avais dit sur Winnie de si méchant? Qu'elle avait des airs de chochotte, et donnait l'impression d'avoir avalé un manche à balai, mais y'a pire!

(Kevin arrive en courant devant la maison de Winnie, tout essoufflé.)

Apparemment j'avais devancé Becky - euh, tant mieux!

(Becky sort de la maison de Winnie.)

Oh, quelle poisse!

INT. JOUR. CHAMBRE DE WINNIE
(Kevin court jusque dans la chambre de Winnie et arrive essoufflé.)

KEVIN: Winnie, j'sais pas c'que t'a dit Becky, mais...mais quoi que ce soit, c'est pas vrai!

(Winnie est assise sur son lit avec un classeur d'ouvert sur ses jambes.)

WINNIE: Est-ce que tu insinues que Becky est une menteuse?

KEVIN: Pas du tout, mais...

WINNIE: Parce que Becky est mon amie, et que je n'accepterai pas que tu dises du mal sur elle et que ce ne soit pas vrai!

KEVIN: Non, non, c'est pas ça mais c'est qu...

WINNIE: Tu devrais apprendre à fermer ton bec. Quand tu n'as rien d'aimable à dire sur quelqu'un, le mieux c'est encore de te taire!

KEVIN: Winnie écoute-moi!

WINNIE: Tu sais Kevin, je n'aurais jamais cru que tu faisais partie de...de ce genre de personne.

Alors là, elle y allait très fort!

KEVIN: Winnie, tout ce que j'ai dit, c'était pour rire, j'pensais pas un mot de c'que j'ai dit! C'est vrai, j'peux te l'jurer. Tu me connais bien pourtant! C'était pour me rendre intéressant. Tu t'es jamais moquée de quelqu'un uniquement pour...pour te rendre intéressante?

(Winnie regarde durement Kevin.)

Apparemment ça ne lui était pas arrivé.

KEVIN: J't'en prie, Winnie, je suis désolé. Je te demande mille fois pardon. J'suis vraiment, euh...désolé!

J'avais utilisé tous mes arguments. J'affichais un p'tit air triste en inclinant la tête en signe de honte. Je donnais vraiment l'impression de me repentir. Il fallait qu'elle me pardonne!

WINNIE: Ce n'est pas à moi qu'il faut dire que tu es désolé, c'est plutôt à Paul, à Carla, et à Kirk.

KEVIN: Aah?

WINNIE: Si seulement tu avais dit de telles choses sur moi, j'aurais été furieuse contre toi!

KEVIN: Qu'est-ce que t'as dit?

WINNIE: J'ai dit que si tu avais osé dire de telles choses sur moi, j'aurais été furieuse contre toi!

KEVIN: Oh!

INT. JOUR. COULOIRS DE L'ÉCOLE
C'était très bizarre. Becky lui avait tout répété c'que j'avais dit sur les autres, sauf sur elle. Mais je n'pouvais pas rester dans l'angoisse qu'elle le lui dise un jour. Il fallait qu' je règle mes comptes avec elle. Et je ne laisserai personne s'interposer. J'ai bien dit personne, même pas mon meilleur copain dont je m'étais pourtant moqué d'une façon bien minable. Il m'attendait en boudant près de mon casier, en faisant semblant d'être là par hasard, alors qu'il voulait m'accorder une chance de m'expliquer.

(Paul est là devant son casier ouvert.)

KEVIN: Paul!

PAUL: Je ne t'adresse plus la parole!

(...dit Paul en refermant violemment son casier.)

KEVIN: Paul, écoute-moi! J'te demande pardon, j'sais que j't'ai blessé mais je n'en avais pas l'intention. Faut que tu me pardonnes et on redevient copains!

PAUL: Je t'ai dis que je n'te causais plus. Je ne comprends pas comment tu as pu dire de...Eh, attends une minute!

(Kevin part dans un autre couloir.)

KEVIN: J'reviens tout de suite, après tu me rendras la monnaie de ma pièce!

PAUL: Eh, file pas comme ça! C'est ça, allez casse-toi!

(Kevin revient après quelques secondes...)

KEVIN: Très bien, vas-y! Vas-y! Critique-moi!

PAUL: Allez, laisse tomber.

KEVIN: J'te dis de te moquer de moi!

PAUL: Non!

KEVIN: Paul j'ai pas été sympa avec toi, alors vas-y, venge-toi! Imite-moi! Profites-en! Paie-toi ma tête!

PAUL: Pourquoi voudrais-tu que j't'imite?

KEVIN: Bon d'accord, j'vais m'imiter moi-même. Regarde. Euh...Ouf...

PAUL: Ça vient?

KEVIN: C'est pas facile. C'est idiot, j'arrive pas à m'trouver des défauts.

PAUL: Ah ouaih? Bien sûr! Tu t'es pas regardé dans une glace ni écouté parler. T'as vu comme tu marches? T'as des grosses joues de bébé ridicules. Et tes cheveux tu les as vus? J'oserai pas sortir avec un brushing comme le tien!

KEVIN: Tu vois? Tu y es arrivé!

PAUL: Je sais pas si tu as remarqué, mais en tous cas, tu n'es vraiment pas le meilleur en football, tu sais? Tu veux que j'te dise. Tu sais même pas réceptionner une passe!

KEVIN: T'as raison!

PAUL: Et ton blouson, mais il est archi nul! Et ton écusson des Jets, alors que tu les as même pas vu jouer!

KEVIN: Ouaih...

(...en tournant la tête vers le côté.)

PAUL: Je déteste ta façon de chanter...

KEVIN (sur un ton calme): Ça suffit, Paul!

PAUL: Et puis le matin, c'est pas souvent que tu te brosses les dents!

KEVIN (en criant): Ça suffit, Paul! (plus calme): C'est bon, on est à nouveau copains maintenant?

PAUL: Ben, j'vois pas pourquoi je s'rais copain avec un mec qui est ridicule avec son brushing!

(Kevin voit Becky passer.)

KEVIN: Euh, excuse-moi c'est urgent!

(Kevin part en courant.)

PAUL: Eh, attends! J't'ai seulement dit le quart de ce que j'avais à t'dire. Je pourrais passer la journée à t'critiquer!

EXT. JOUR. À CÔTÉ DE L'ÉCOLE
(Kevin ouvre une porte qui donne dehors et sort. Becky est près des vélos. Le vent qui se lève et l'air du western "Le bon, la brute et le truand" accompagnent la scène...Kevin, qui est sur le pas de la porte, interpelle Becky.)

KEVIN: Eh, Slater!

(Kevin et Becky avancent alors dans l'allée en se regardant. Ils mettent leurs bras le long du corps, comme s'ils étaient prêts à dégainer, dans un duel imaginaire. Ils se transpercent du regard, impassibles. Deux "pelotes" de branches mortes, comme on peut en voir dans les déserts américains, traversent la scène, poussées par le vent. Kevin commence à avancer vers Becky qui reste immobile.)

Tandis que je m'approchais d'elle, des millions de questions traversèrent mon esprit. Et qui était vraiment Becky Slater? Qu'est-ce qu'elle me voulait au juste? Comment faisait-elle pour avoir une si bonne mémoire? Je m'sentais tel Clint Eastwood combattant en duel mon ennemi juré.

KEVIN: Becky!

BECKY: Kevin!

Bon, j'n'allais pas me mettre à imiter Clint Eastwood pendant une demi-heure!

(Kevin et Becky, qui se retrouvent face à face, relâchent la pression et adoptent une posture plus détendue. La musique et le vent cessent.)

De toute façon, je n'avais pas de revolver à dégainer. Tout ce que je pouvais faire, c'était m'expliquer avec des mots.

KEVIN: Ça t'amuse de raconter toutes ces histoires sur moi aux élèves de l'école?

BECKY: Je n'ai fait que répéter exactement c'que tu m'as dit!

KEVIN: Peut-être, mais j'vais t'dire ceci. Y'a des gens qui pensent que si t'as rien d'aimable à dire à quelqu'un le mieux c'est encore de s'taire!

BECKY: Oh! Tu m'en diras tant! Tout à coup Monsieur a des accès de générosité! Excuse-moi, je n'savais pas!

KEVIN: Écoute, Becky, j'suis désolé. J'suis désolé que ça s'soit fini de cette façon entre nous, j't'assure!

BECKY: Ah, oui! Est-ce que tu es désolé de t'être servi de moi pour sortir avec Winnie? Est-ce que t'es désolé d'avoir fait semblant de m'aimer tout le temps qu'on était ensemble alors qu't'étais amoureux d'elle? Parce que, tu sais, tu ne pouvais pas me faire plus de mal!

KEVIN: J't'assure, j't'assure j't'aimais beaucoup. J't'aimais énormément Becky!

BECKY: Oui, eh ben ça me fait une belle jambe maintenant!

KEVIN: Qu'est-ce que tu veux que j'te dise de plus? Ça t'fait tellement plaisir de m'empoisonner la vie comme tu le fais?

BECKY: Tu n'imagines pas à quel point!

KEVIN: Et alors, jusqu'où tu comptes aller? Tu vas continuer à t'acharner sur moi jusqu'à ce que tout le monde me déteste?

BECKY: Non. Si jamais t'es atteint d'une maladie incurable ou si tu restais paralysé à cause d'un accident, alors je m'arrêterais peut-être!

He bien, je savais ce qu'il me restait à faire...

KEVIN: J'voudrais comprendre quelque chose. Pourquoi tu n'as pas répété à Winnie ce que j't'ai dit sur elle? Est-ce que par hasard tu attendrais le moment idéal pour me porter le coup de grâce?

BECKY: Mais ça va pas! Pour qui est-ce que tu me prends, dis-moi?

Pour une dangereuse harpie, poussée par une jalousie maladive proche de la folie!

BECKY: Tu oublies que Winnie est mon amie! Jamais je ne lui dirai une chose pareille. Ca lui ferait trop de mal.

KEVIN: Si j'comprends, tu ne vas pas lui dire alors?

BECKY: Bien sûr que non!

À cet instant précis, je souhaitais secrètement qu'il soit possible d'aimer deux filles à la fois. Bien sûr, Winnie resterait le seul amour de ma vie, mais cette Becky c'était vraiment un sacré personnage. Bon, elle avait aussi ses défauts, comme tout à chacun, mais on ne pouvait pas nier qu'elle avait du cur.

BECKY: Évidemment, j'ai tout dit à Paul et à Carla, et à Kirk et à Éric et à Wendie, et aussi à Cindy et Cathy, aux deux Cathy - Cathy Bedlow et Cathy Sifouentès. J'ai tout répété aussi à Tony, Bob et Sheila, et à Nancy, Todd et Beth et tous leurs copains, et aussi à Rodney, le concierge et aussi à...

(Becky continue de réciter sa liste de personnes...)

Soudain, je ressentis un malaise en pensant aux répercutions que tout cela allait entraîner. J'en avais le tournis à entendre tous ces noms. Je commençais à m'sentir vraiment, vraiment malade!

INT. JOUR. CHAMBRE DE KEVIN
(Kevin est dans son lit, malade. Sa mère qui est assise sur son lit le regarde.)

KEVIN: Maman, j'me sens pas bien du tout!

NORMA: J'm'en doute, tu as de la fièvre!

KEVIN: Non, c'est pas la fièvre. J'me suis un peu moqué de certaines personnes à l'école, et...quelqu'un leur a tout répété et maintenant tout le monde me déteste!

NORMA: Mais non, voyons, ça ne peut pas être bien méchant!

KEVIN: Oh que si!

NORMA: Qu'est-ce que tu as dit?

KEVIN: Eh ben, j'ai dit que...Bobby Jensen marchait comme un canard...

NORMA: Oh, j't'en prie, Kevin, ce n'est pas si méchant que ça!

KEVIN: Oui, mais j'ai dit...que Paul dansait comme un crapaud.

NORMA: Tu as dit ça?

KEVIN: Et...et que Winnie marchait aussi raide que si elle avait avalé un manche à balai.

NORMA: Alors ça c'est pas gentil!

KEVIN: Tout le monde va m'détester maintenant.

Je pouvais presque lire dans les pensées de ma mère. Elle devait s'dire des choses du genre "Mon p'tit t'as creusé ta tombe, attends-toi à y être enterré!"

NORMA: J'suis sûre que c'est pas si grave - on commet tous des erreurs! Si ce sont tes amis, ils te pardonneront! Tu veux que j't'apporte la télévision?

KEVIN: J'veux bien! Merci!

(Kevin prend son éléphant en peluche et joue avec.)

Je m'sentais déjà beaucoup mieux. J'avais presque envie de pleurer. Je pouvais être quelqu'un de détestable, ma mère m'aimerait malgré tout!

(La sonnette de l'entrée retentit.)

Mais à partir de ce jour là, je m'étais promis d'être meilleur - si je n'avais rien à dire d'aimable sur quelqu'un, eh bien, je ne dirais rien sur lui. Si seulement Winnie pouvait...

(La maman de Kevin ouvre la porte de sa chambre.)

NORMA: Kevin! Y'a de la visite pour toi!

(Elle laisse rentrer Winnie.)

WINNIE: Bonjour!

KEVIN: Bonjour!

WINNIE: C'est moi qui t'ai refilé ma grippe!

KEVIN: J'connaissais les risques!

Très viril comme réplique, seulement avant d'avoir de la barbe, tu devrais p'être commencer par te séparer de ton éléphant en peluche!

(Kevin cache précipitamment son éléphant en peluche sous ses couvertures.)

NORMA: Bon, eh bien je vous laisse!

(À peine Norma a-t-elle refermé la porte que Winnie se métamorphose - elle change de ton et de comportement avec Kevin...)

WINNIE: Je suis une chochotte!

KEVIN: Ah?!

WINNIE: J'ai avalé un manche à balai?

KEVIN: Winnie, c'était une blague!

WINNIE: Une blague, ah oui! Je vais t'en montrer moi une blague!

(Winnie enfile le blouson de Kevin, se tient assez penchée en avant et adopte une voix grave.)

WINNIE: "Salut! Je suis Kevin Arnold. Je suis rudement sympa avec les gens, seulement dès qu'ils ont le dos tourné, j'leur tire dans les pattes!" Ah oui? Tu es malade! Oh, ben attends! Je vais m'occuper de toi!

(Winnie n'arrête pas de sauter sur le lit de Kevin.)

KEVIN: Ah!

(Cela rend Kevin encore plus malade.)

KEVIN: Winnie!

WINNIE: Qu'est-ce qu'il y a? Ça va pas, t'as envie de vomir, peut-être?

KEVIN: Oh!

WINNIE: Tu ne vas pas vomir dans ton lit, tout de même, non?

KEVIN: Winnie, s'il te plaît!

WINNIE: Tu veux peut-être quelque chose à manger? De la salade de chou cru, est-ce que ça t'dirait? Du foie de génisse, des calamars grillés!

KEVIN: Winnie!

WINNIE: Oh, le pauvre chéri! Son lit est tout défait!

KEVIN: Ouch!

WINNIE: Oh, attends, je vais arranger tes oreillers!

(Winnie enlève les oreillers de Kevin et les jette à travers la pièce.)

WINNIE: Oh, mais tu as de la fièvre, tu es tout brûlant, ne t'inquiète pas, je vais arranger ça!

(Winnie enlève les couvertures de Kevin qui se retrouve en slip.)

WINNIE: Le pauvre bébé! Maintenant il a froid! Tiens, voilà ta couverture!

(Winnie jette violemment sur Kevin toutes les couvertures qu'elle venait de lui enlever et sort de la pièce en claquant la porte. Kevin se relève, complètement sous les couvertures.)

C'était parfaitement clair - Winnie ne me pardonnerait pas les choses que j'avais dites sur elle.

(Kevin enlève petit à petit les couvertures qui le recouvrent.)

Ça ne pouvait signifier qu'une seule chose - cette fille était folle de moi!

(Un sourire s'esquisse sur son visage. "My Girl" se fait à nouveau entendre et conclut l'épisode. Kevin prend son éléphant en peluche, s'enveloppe d'une couverture et se déplace vers la fenêtre. Il observe alors Winnie traverser la pelouse de la maison de ses parents et rentrer chez elle. Elle ne tarde pas à ressortir. Elle enlève le blouson de Kevin, qu'elle avait gardé sur le dos. Elle le jette rageusement sur la pelouse de sa maison en direction de chez Kevin, et elle rentre aussitôt.)

GÉNÉRIQUE DE FIN



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07/18/01 02:25